"Tous ces morceaux remplissent les vides d'autres gens.

Mais ils ne remplissent pas les tiens."

Nous sommes nés pour mourir. Tu t'es envolé le premier, c'est l'ordre "normal", mais pas le timing normal. Trop tôt. Trop de souffrances seules. Trop tard. Trop de souffrances partagées.

Je ne suis pas devenue celle que tu pensais que je serais un jour. Peut-être es-tu déçu. Je ne suis pas épanouie car tu étais le seul à m'apporter cette confiance qui faisais de moi celle que j'étais. J'avance plutôt bien, dans un bon chemin, mais est-ce mon chemin, arriverai-je un jour à la porte de mon bonheur. Je me trompe peut-être de chemin mais tu n'es pas là pour me le dire.

Comme si 15 ans étaient devenues tabou. Ce silence qui revient en permanence, même après tant d'années. On ne parle pas. Comme si éviter allait tout arranger.

Les autres se consolent peut-être mais sache que je serai à jamais inconsolable pour le vide que tu laisses en moi. Ce n'est pas que je t'en veuilles, telle était ta destinée. J'en veux à la vie de t'avoir éloigné de moi.

Toutes ces choses que l'on ne s'est pas dites, que tu ne sauras jamais car je n'ai pas su faire face à la situation. Toutes ces choses que personne ne pourra connaitre. Personne ne pourra me comprendre quand je parlerai de toi. C'est ce qui me rend plus folle de jour en jour. Comment te décrire, t'expliquer quand j'ai si peur de t'oublier.

T'es comme un choc traumatique, j'ai l'impression d'avoir tout oublier, je ne t'oublie pas mais j'ai cette impression que le manque affecte mes souvenirs.. Ils partent un peu plus chaque jour, j'aimerais tellement te revoir pour ressentir toutes ces bonnes ondes qu'on avait ensemble. Quand j'écoute ce que sont les étapes du deuil, je m’aperçois que je n'ai peut-être pas fait le mien. C'est comme si une autre vie, une part de moi-même m'avait possédé durant toutes ces années. Une pause. Et maintenant tout s’accélère.

Je ne croyais pas aux étapes du deuil avant, pensant être différente, je ne sais pour quelles raisons. Mais finalement, tout ceci n'est que réalité. J'espère seulement que la période du déni ne restera pas aussi présente que la période du manque.

C'est si épuisant. Ce manque, cette tristesse,... De nouvelles personnes rentrent dans ma vie, des informations s'imposent, puis des explications. Ce regard qui les trahis tous. Cette pitié dont je ne veux pas. Je mets certaines personnes mal à l'aise, mais c'est comme si je l'étais encore plus de les mettre dans cette position. Ils ont tous ce sentiment de devoir faire quelque chose, comme s'il le fallait pour qu'ils se sentent mieux après. Mais tout ceci n'est que pitié.

Il y a aussi ceux que je connais, je sais que certains y pensent, j'ai l'impression d'être jugée à mon isue. J'aurais besoin de savoir ce qu'ils pensent mais c'est comme s'ils ne comprenaient pas de toute façon. Je sais que certains font leur maximum mais j'ai tellement l'impression d'être seule que je me sens incomprise. On me dit que je ne parle pas assez, mais, si je parle, que vais-je dire... Tout ce que je viens de dire se repasse en boucle depuis des années. Un manque, un silence, un vide, une peur. Rien que d'y penser je me sens ennuyante et je n'ai pas envie de forcer certaines personnes à m'écouter, je ne saurais moi-même pas comment réagir. J'ai toujours peur des réactions, je suis souvent perdue.

J'aimerais rencontrer cette personne, qui me comprendrait, qui ne me poserait que les questions essentielles, et ne me regarderait pas comme les autres lorsque je les met au courant ou que je leur parle d'un souvenir avec toi. Cette personne me comprendrait et me ferait avancer, elle ferait partir ce vide, ce silence que j'ai en permanence avec les autres. Pour une fois, ce serait un changement qui me ferait du bien.

Reviens moi.

M.

Un vide.

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